Ce samedi, une cinquantaine de perliculteurs ont assisté à un symposium organisé par l’entreprise à l’Intercontinental, marquant une volonté affirmée de connecter les producteurs locaux aux exigences du marché mondial.

Présent en Polynésie depuis 1990, le groupe familial Belpearl – fondé par la famille Hajjar, originaire du Liban – accompagne déjà 25 fermes locales. Fort de son expérience au Japon, à Hong Kong et désormais à Tahiti, il s’est imposé comme l’un des acteurs majeurs du négoce perlier à l’échelle internationale.

Un bureau local pour évaluer, trier et vendre

Freddy Hajjar, futur directeur du bureau de Papeete, explique la démarche : “Nous allons ouvrir un espace en centre-ville où les perliculteurs pourront déposer leurs lots pour une estimation précise. Beaucoup ne savent pas réellement combien valent leurs perles car le triage n’est pas toujours bien réalisé.”

Belpearl entend former gratuitement les producteurs aux techniques modernes de triage, inspirées des technologies d’intelligence artificielle utilisées pour les diamants. Un accompagnement qui devrait permettre aux professionnels de mieux répondre aux attentes du marché.

Lutter contre les rumeurs et informer à la source

L’initiative vise également à lever les zones d’ombre autour des ventes. “Lorsqu’on vend à bon prix à l’international, on entend ensuite ici des rumeurs contraires. C’est de la radio cocotier. Il est essentiel de rétablir la vérité et de donner aux producteurs les outils pour suivre leurs ventes et comprendre la valeur de leurs produits”, insiste Freddy Hajjar.

Pour Steve Pommier, perliculteur à Arutua et président du comité de gestion du lagon, cette nouvelle transparence est précieuse : “On est souvent concentrés sur la production sans savoir ce que recherchent les acheteurs. Ce lien direct avec le marché permet de mieux orienter nos élevages, en termes de qualité, de taille et de couleur.”

Un accès direct au marché mondial

Arii Sichoix, perliculteur aux Gambier, salue l’ouverture du bureau : “Grâce à Belpearl, on accède au marché hongkongais avec un taux de commission réduit à 5 %. Cela évite aussi la dépendance à un seul intermédiaire local. Même si celui-ci – Robert Wan – a beaucoup contribué à notre développement, il est temps pour nous d’évoluer.”

L’arrivée de Belpearl à Tahiti, loin de supplanter les acteurs existants, diversifie les débouchés pour les perliculteurs et encourage une structuration plus ouverte du secteur.

Écloseries : la clé pour pallier la pénurie de nacres

La dynamique internationale ne suffira toutefois pas si l’amont de la filière s’effondre. “Aujourd’hui, le principal défi est la raréfaction des naissains. Le captage naturel ne suffit plus à cause de la pollution. L’avenir passe par les écloseries”, souligne Arii Sichoix, qui prévoit de lancer la sienne aux Gambier en mars prochain.

“Il faut deux ans entre la ponte et la récolte de perles. Si on veut assurer la pérennité de la filière, il faut agir dès maintenant”, prévient-il.

Des prix en hausse, mais la vigilance reste de mise

Le marché de la perle noire reste soumis à de fortes fluctuations. “La crise Covid a freiné la production, et les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis ont aussi pesé sur les prix”, rappelle Freddy Hajjar.

Mais les signaux sont encourageants. “Les prix ont presque doublé depuis le Covid. On est passés de 600 à 1.200 Fcfp le gramme. Si la demande continue, on pourrait même atteindre les 1.800 Fcfp”, espère-t-il.

Miser sur la qualité avant tout

Le mot d’ordre est clair : mieux vaut produire moins, mais mieux. Belpearl achète des perles de qualité A à D, mais s’intéresse aussi aux perles de catégorie E, proches du rebut, tant la demande est forte.

Avec des perspectives de vente élargies, des formations ciblées et un accompagnement technique, la présence renforcée de Belpearl à Tahiti pourrait bien offrir un nouveau souffle à une filière en quête de stabilité.