Les dernières Informations sur la Perliculture à Tahiti

lundi 23 juin 2025

Belpearl s’installe à Tahiti pour ouvrir le marché international aux perliculteurs


Ce samedi, une cinquantaine de perliculteurs ont assisté à un symposium organisé par l’entreprise à l’Intercontinental, marquant une volonté affirmée de connecter les producteurs locaux aux exigences du marché mondial.

Présent en Polynésie depuis 1990, le groupe familial Belpearl – fondé par la famille Hajjar, originaire du Liban – accompagne déjà 25 fermes locales. Fort de son expérience au Japon, à Hong Kong et désormais à Tahiti, il s’est imposé comme l’un des acteurs majeurs du négoce perlier à l’échelle internationale.

Un bureau local pour évaluer, trier et vendre

Freddy Hajjar, futur directeur du bureau de Papeete, explique la démarche : “Nous allons ouvrir un espace en centre-ville où les perliculteurs pourront déposer leurs lots pour une estimation précise. Beaucoup ne savent pas réellement combien valent leurs perles car le triage n’est pas toujours bien réalisé.”

Belpearl entend former gratuitement les producteurs aux techniques modernes de triage, inspirées des technologies d’intelligence artificielle utilisées pour les diamants. Un accompagnement qui devrait permettre aux professionnels de mieux répondre aux attentes du marché.

Lutter contre les rumeurs et informer Ă  la source

L’initiative vise également à lever les zones d’ombre autour des ventes. “Lorsqu’on vend à bon prix à l’international, on entend ensuite ici des rumeurs contraires. C’est de la radio cocotier. Il est essentiel de rétablir la vérité et de donner aux producteurs les outils pour suivre leurs ventes et comprendre la valeur de leurs produits”, insiste Freddy Hajjar.

Pour Steve Pommier, perliculteur à Arutua et président du comité de gestion du lagon, cette nouvelle transparence est précieuse : “On est souvent concentrés sur la production sans savoir ce que recherchent les acheteurs. Ce lien direct avec le marché permet de mieux orienter nos élevages, en termes de qualité, de taille et de couleur.”

Un accès direct au marché mondial

Arii Sichoix, perliculteur aux Gambier, salue l’ouverture du bureau : “Grâce à Belpearl, on accède au marché hongkongais avec un taux de commission réduit à 5 %. Cela évite aussi la dépendance à un seul intermédiaire local. Même si celui-ci – Robert Wan – a beaucoup contribué à notre développement, il est temps pour nous d’évoluer.”

L’arrivée de Belpearl à Tahiti, loin de supplanter les acteurs existants, diversifie les débouchés pour les perliculteurs et encourage une structuration plus ouverte du secteur.

Écloseries : la clé pour pallier la pénurie de nacres

La dynamique internationale ne suffira toutefois pas si l’amont de la filière s’effondre. “Aujourd’hui, le principal défi est la raréfaction des naissains. Le captage naturel ne suffit plus à cause de la pollution. L’avenir passe par les écloseries”, souligne Arii Sichoix, qui prévoit de lancer la sienne aux Gambier en mars prochain.

“Il faut deux ans entre la ponte et la récolte de perles. Si on veut assurer la pérennité de la filière, il faut agir dès maintenant”, prévient-il.

Des prix en hausse, mais la vigilance reste de mise

Le marché de la perle noire reste soumis à de fortes fluctuations. “La crise Covid a freiné la production, et les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis ont aussi pesé sur les prix”, rappelle Freddy Hajjar.

Mais les signaux sont encourageants. “Les prix ont presque doublé depuis le Covid. On est passés de 600 à 1.200 Fcfp le gramme. Si la demande continue, on pourrait même atteindre les 1.800 Fcfp”, espère-t-il.

Miser sur la qualité avant tout

Le mot d’ordre est clair : mieux vaut produire moins, mais mieux. Belpearl achète des perles de qualité A à D, mais s’intéresse aussi aux perles de catégorie E, proches du rebut, tant la demande est forte.

Avec des perspectives de vente élargies, des formations ciblées et un accompagnement technique, la présence renforcée de Belpearl à Tahiti pourrait bien offrir un nouveau souffle à une filière en quête de stabilité.

mardi 8 avril 2025

Perles polynésiennes en crise : les exportations s’effondrent de 62 % fin 2024


Une chute vertigineuse pour les perles de culture

Les dernières données de l’ISPF, basées sur les chiffres de la Direction des douanes, révèlent un net recul des exportations locales au quatrième trimestre 2024 : -62 % en valeur par rapport à fin 2023. Sur l’ensemble de l’année, la baisse atteint 47 %, un coup dur pour l’économie polynésienne.

Le secteur perlier, pilier historique des exportations, est le principal responsable de cette débâcle. Les ventes de perles brutes s’effondrent : -69 % en valeur et -49 % en volume. Le prix moyen au gramme s’établit désormais à 700 F.CFP, en chute libre (-39 % sur un an). Sur l’année, le constat est tout aussi alarmant : -59 % en valeur et -52 % en volume. Vanille et noni : les rares lueurs d’espoir

Dans ce paysage morose, quelques produits agricoles résistent. La vanille connaît une embellie spectaculaire : +76 % en valeur et +50 % en volume, avec un prix au kilo atteignant 59 000 F.CFP. Le noni suit la même tendance (+64 % en valeur, +50 % en volume).

À l’inverse, d’autres filières souffrent : l’huile de coprah progresse légèrement en valeur (+33 %), mais recule en volume (-21 %). Le monoï et la nacre dévissent respectivement de 41 % et 26 % en valeur. Importations : stabilité globale, mais des secteurs en tension

Du côté des importations civiles, la tendance est stable, mais des disparités sectorielles se creusent. Les biens d’équipement affichent une forte progression (+26 % en valeur), tirant les importations des entreprises vers le haut (+6 %). À l’inverse, les biens intermédiaires chutent de 12 % en valeur, malgré une hausse des volumes (+37 %), portée notamment par les achats de ciment.

Pour les ménages, le recul est modéré (-2 % en valeur, -3 % en volume), mais le marché automobile s’enfonce (-30 % en valeur). Énergie : baisse des prix, hausse de la consommation

Les importations de produits pétroliers affichent une baisse de 14 % en valeur, malgré une augmentation des volumes (+14 %). Sur l’année, leur valeur progresse légèrement (+3 %), mais le prix moyen au kilo s’établit à 100 F.CFP, en baisse de 24 %.

Une situation contrastée qui souligne la fragilité de l’économie polynésienne, encore trop dépendante de ses perles.

(Sources : ISPF, Direction des douanes)

jeudi 27 juillet 2023

Flambée Historique des Prix de la Perle de Tahiti : Un Niveau Inégalé depuis 15 Ans


Cette envolée spectaculaire s’explique par une combinaison de facteurs : une reprise vigoureuse de la demande internationale et une offre restreinte, conséquence directe de la crise sanitaire.

D’après les données de l’Institut de la statistique de la Polynésie française (ISPF), le prix moyen au gramme a plus que doublé en un an, passant d’environ 300 à 800 Fcfp. Une dynamique saluée par les professionnels du secteur, à l’image de Loïc Wiart, directeur de Poe Black Pearl : « C’est un retour en force inattendu, mais très bienvenu. »

Durant la pandémie de Covid-19, l’activité des perliculteurs a fortement ralenti, entraînant une chute de la production. Si la demande était restée modérée durant cette période, elle explose aujourd’hui, alors même que les stocks disponibles sont au plus bas.

La filière se réjouit de cette embellie, mais reste sur ses gardes. Car la hausse rapide des prix pourrait être suivie d’un brusque retournement si la production s’accélère trop. « Il existe un risque d’effet yoyo », concède Loïc Wiart, « mais les contraintes actuelles — notamment le manque de greffeurs et de nacre — devraient freiner toute surproduction à court terme. »

Ce regain de vitalité représente une opportunité unique pour redynamiser l’industrie perlière polynésienne. Toutefois, la stabilité du marché dépendra d’une gestion fine de la production et d’éventuels ajustements réglementaires pour prévenir une nouvelle crise.

vendredi 25 novembre 2022

Vers une Économie Circulaire: La DRM et le Recyclage des Bouées Plastiques Perlicoles.


En 2023, la DRM a collecté 6 000 bouées dans les îles Sous-le-Vent et Tuamotu-Gambier, dans le cadre d'une campagne de recyclage des déchets perlicoles.

Un projet pilote de recyclage des bouées : Le défi principal réside dans la résistance des bouées, faites de plastique ABS (acrylonitrile butadiène styrène), qui est difficile à broyer en raison de sa robustesse. Cependant, la DRM a expérimenté un broyage pour transformer ces bouées en granulés, un procédé qui pourrait être adapté à d'autres îles pour faciliter la gestion locale des déchets plastiques.

Pour l'instant, une broyeuse spécifique a été utilisée, et les bouées broyées permettent de réduire considérablement le volume des déchets. En effet, un "big bag" de bouées peut contenir jusqu'à 40 bouées entières, mais une fois broyées, cela équivaut à 300 bouées sous forme de granulés, réduisant ainsi le volume à transporter et les coûts associés.

Impact local et potentiel de recyclage : L'objectif de la DRM est d'implanter ce processus de broyage localement, sur les quais des îles concernées. Cela permettrait de réduire les coûts de transport maritime tout en apportant une solution de recyclage sur place. De plus, la réduction du volume des bouées pourrait encourager une gestion plus durable des déchets par les perliculteurs et les autres acteurs locaux.

Les perliculteurs sont de plus en plus conscients de l'importance du recyclage. Selon Marcelle Howard, présidente du GIE Toarava, recycler ces bouées pourrait non seulement répondre aux besoins des perliculteurs mais aussi servir d'approvisionnement pour des secteurs comme le tourisme lagonaire, où des applications pour ces matériaux pourraient être utilisées, notamment dans la fabrication de mobilier urbain.

Perspectives et défis futurs : Le projet pilote suscite un grand intérêt, notamment d’un industriel local spécialisé dans le plastique qui suit de près l’évolution de l’initiative. Le plastique ABS, qui est très utilisé pour la fabrication de pare-chocs de voitures, pourrait trouver une nouvelle vie dans des applications locales si les granulés respectent les normes techniques nécessaires.

Cependant, le projet se heurte à un défi majeur : la reprise du marché de la perliculture. En effet, la filière perlicole traverse une période difficile et la demande pour les bouées recyclées dépendra en grande partie de la relance de ce marché.

Conclusion : Cette initiative de recyclage des bouées plastiques est une étape importante pour la mise en place d'une économie circulaire en Polynésie. Elle montre comment le secteur de la perliculture peut jouer un rôle actif dans la protection de l'environnement, tout en trouvant des solutions pratiques et économiquement viables pour la gestion des déchets plastiques. La DRM continue de travailler sur des solutions innovantes, qui pourraient à terme transformer les déchets en ressources utiles pour la communauté.

jeudi 4 août 2022

Initiative de Valorisation des Mabe : Diversification des Revenus dans la Perliculture.


Cette initiative vise à diversifier les sources de revenus pour les professionnels du secteur, en explorant des voies nouvelles et créatives dans l'utilisation des huîtres perlières. La Perle Blister : Un Produit Traditionnel mais Innovant

Les perles blister sont l'une des premières formes de produits perliers issues de la perliculture. Elles sont obtenues en collant un noyau en demi-sphère (généralement en plastique), souvent décoré de motifs, à l'intérieur de la coquille de Pinctada margaritifera (l'huître perlière locale). Grâce à la biominéralisation naturelle, l'huître recouvre le noyau de nacre, créant ainsi une perle. Une fois que la nacre a suffisamment recouvert le noyau, la perle blister peut être récoltée en découpant la coquille. Le noyau en plastique est ensuite remplacé par de la résine époxy et une plaque de nacre est ajoutée pour finaliser la perle. Objectifs du Programme

Le programme se déroule en plusieurs phases :

Formation des professionnels : La première phase a concerné une formation spécialisée pour les perliculteurs de Takapoto, portant sur le tri des nacres et la réalisation des greffes de perles blister. Cette étape est essentielle pour initier les perliculteurs à la technique de fabrication et leur donner les outils nécessaires pour réussir cette production alternative.

Suivi et analyse de la récolte : Une deuxième phase a impliqué un suivi et une analyse des récoltes de perles blister, qu'elles soient ornées de motifs ou non. Cette phase a permis de déterminer les niveaux de technicité nécessaires à la production et de comprendre les défis spécifiques à la récolte de ce produit.

Diffusion des bonnes pratiques : Le programme inclut également la création de fiches techniques pédagogiques pour aider à la reproduction du processus de production sur d'autres sites de la Polynésie. Ces documents serviront à standardiser les méthodes et à transmettre les connaissances acquises à un plus grand nombre de professionnels.

Collaboration avec la Direction de l'Artisanat : Une partie du projet se concentre sur la commercialisation des perles blister, avec l'aide de la Direction de l'Artisanat. Cette phase est dédiée à l’identification des différentes qualités de produits, à la découpe et au montage des perles, prêtes à être mises sur le marché.

Impacts Attendus:

La maîtrise de la production de perles blister pourrait offrir plusieurs avantages pour les perliculteurs :

Amélioration des rendements : La production de mabe permet d'exploiter des huîtres perlières qui ne sont pas utilisées dans la production de perles classiques, maximisant ainsi l'utilisation de l'ensemble de la récolte.

Création d'emplois : Ce projet pourrait générer de nouveaux emplois pour les jeunes techniciens et artisans locaux, en particulier dans la découpe, le montage et la commercialisation des perles blister.

Valorisation des produits locaux : L’objectif est d’apporter une dimension d'innovation et de qualité aux produits locaux, afin de mieux se positionner sur la scène internationale. Cette diversification permettrait également de mieux répondre aux attentes des marchés mondiaux.

Recherche et Développement pour une Perle Blister 100% Biosourcée

En parallèle à la production de mabe, la DRM mène des travaux de recherche et développement pour créer une perle blister 100% biosourcée, réalisée à partir de matériaux locaux et durables. Ce projet pourrait permettre de renforcer l’engagement écologique de la Polynésie et d'offrir une alternative encore plus respectueuse de l'environnement à la production traditionnelle de perles.

Conclusion

Cette initiative de valorisation des perles blister représente une véritable opportunité de diversification pour les professionnels de la perliculture en Polynésie. Elle offre non seulement un moyen de mieux exploiter les ressources locales, mais aussi de répondre aux exigences environnementales croissantes tout en créant de la valeur ajoutée pour les producteurs locaux. En combinant innovation et tradition, ce projet pourrait constituer un modèle pour le secteur de la perliculture, à la fois durable et économiquement viable.







mercredi 18 mai 2022

Le rapport de la Chambre Territoriale des Comptes (CTC) sur la gestion de la Tahitian Pearl Association of French Polynesia met en lumière plusieurs défaillances


Voici les points clés du rapport :

1. Problèmes de Représentativité

Le rapport souligne que la représentativité de l’association est insuffisante. En 2020, l’association ne regroupait que 117 membres issus de 6 organisations professionnelles, sur un total de 349 cartes professionnelles enregistrées. Cela indique que la TPAFP ne reflète pas pleinement la diversité et la pluralité du secteur de la perliculture en Polynésie française.

2. Lacunes dans la Gouvernance

La gouvernance de l’association est également mise en cause. Le rapport note que les assemblées générales sont rares et que les réunions du conseil d'administration sont trop espacées. De plus, des engagements financiers importants ont été pris sans approbation adéquate des instances compétentes, ce qui remet en question la gestion interne de l'association.

3. Conflits d'Intérêts

Des conflits d'intérêts sont signalés dans la gestion de l’association. Il est mentionné que des achats ont été effectués auprès des sociétés appartenant aux membres du bureau de l’association, ce qui soulève des préoccupations sur la transparence des décisions financières et l'éthique des pratiques commerciales au sein de l’association.

4. Dépenses Contestées et Manque de Concurrence

Le rapport critique également la gestion des dépenses, tant pour les activités locales qu'internationales :

Achats sans mise en concurrence : La CTC pointe des achats effectués sans appel d'offres, ce qui contrevient aux principes de transparence et de concurrence.

Dépenses excessives : Des dépenses supérieures aux prévisions ont été observées, notamment pour des missions internationales, où des subventions ont été versées à des associations partenaires à Hong Kong, au Japon et aux États-Unis. Cela constitue une violation des règles de gestion des fonds publics.

Contrats attribués sans concurrence : Des contrats ont été attribués sans respecter les procédures de mise en concurrence, ce qui est une pratique contestée en matière de gestion publique.

5. Recommandations

Le rapport de la CTC appelle à des réformes urgentes pour améliorer la gouvernance de la TPAFP. Cela inclut la nécessité de renforcer la représentativité, de garantir une gestion plus transparente, et de mettre en place des mécanismes de contrôle plus rigoureux pour l’utilisation des fonds publics. L’association devrait aussi s’assurer que ses dépenses respectent les règles de concurrence et soient justifiées par des processus transparents.

6. Conclusion

En conclusion, la CTC met en lumière des problèmes de gestion significatifs au sein de la TPAFP, soulevant des questions sur la manière dont les subventions publiques sont utilisées. Pour restaurer la crédibilité de l’association et assurer une meilleure gestion des ressources publiques, il est impératif que des réformes soient mises en place pour garantir une gouvernance plus efficace et équitable.

Ces conclusions pourraient avoir un impact sur la manière dont les acteurs de la perliculture, y compris les perliculteurs eux-mêmes, perçoivent l'efficacité et l'intégrité de l'organisation chargée de représenter et de promouvoir la perle de Tahiti.

lundi 13 décembre 2021

La Perliculture en crise : Pénurie de Greffeurs et Stratégies pour Redresser le Secteur.


Les recettes d’exportation de perles ont chuté de moitié, passant de 5 milliards de Fcfp en 2019 à seulement 2,5 milliards en 2020, selon les données de l’Institut de la Statistique de Polynésie (ISPF). Cette baisse importante, exacerbée par la pandémie, a mis en lumière plusieurs défis, dont la pénurie de greffeurs.

Depuis deux ans, les greffeurs chinois, qui constituaient une part essentielle de la main-d’œuvre, sont bloqués dans leur pays d’origine, ce qui a conduit à une diminution de la production de perles de qualité. Sur le marché de Papeete, l’approvisionnement en perles a diminué de moitié, créant des tensions parmi les vendeurs de bijoux. Heiani Riaria, une vendeuse, constate : « Avant, on achetait jusqu’à 1 000 pièces, et maintenant on en a 500. Les prix ont également doublé, les perles se vendent désormais entre 500 et 1 000 Fcfp, contre 250-300 Fcfp auparavant. »

Malgré la réputation de la main-d’œuvre chinoise pour son efficacité et son coût abordable, il devient impératif de former davantage de greffeurs locaux. Fanny Yip, gérante de bijouterie, souligne l’importance de soutenir et de former des greffeurs locaux afin de diminuer la dépendance envers les travailleurs étrangers. « Il est essentiel de créer des structures pour mieux former et accompagner nos greffeurs locaux », explique-t-elle.

En 2020, le nombre de producteurs a diminué de 80 par rapport à 2018, mais malgré cette situation, les professionnels du secteur restent optimistes. Ils sont activement à la recherche de solutions pour redynamiser cette industrie vitale pour la Polynésie, et espèrent un avenir plus prometteur pour l’or noir de la mer.

lundi 6 décembre 2021

Crise Profonde dans la Perliculture en Polynésie : Bilan Alarmant et Urgence d'une Réforme.


Les échecs de la réforme de 2017, qui peine à produire des résultats quatre ans après son adoption, et l'impact environnemental "alarmant" dans les lagons, suscitent une profonde inquiétude pour ce produit d'exportation clé du territoire.

Alors que la perle de culture de Tahiti célèbre ses 60 ans cette semaine lors du salon Poe Ma'ohi au Hilton Tahiti, le rapport détaillé de la CTC, couvrant la période de 2015 à 2021, met en lumière les difficultés croissantes du secteur. Bien que la perliculture soit restée le principal produit local d'exportation, générant 8,6 milliards de Fcfp en 2014, cette somme est tombée à 2,5 milliards de Fcfp en 2020, année marquée par une crise économique sévère. Les défis majeurs de ce secteur ne peuvent plus être ignorés.

Le rapport retrace l'histoire tourmentée de la perliculture, depuis son essor dans les années 1980 jusqu'à la crise des années 1990 causée par un virus, puis la période de prospérité qui a culminé en 1999. Cependant, à partir de cette apogée, le secteur a connu un déclin constant, avec une chute du prix du gramme de perle exportée, passant de 1 710 Fcfp en 2000 à 472 Fcfp en 2019.

La réforme de 2017, menée par le gouvernement d'Édouard Fritch pour passer d'une production intensive à une production de qualité, est largement critiquée pour son échec. Les quotas de production définis en 2021 se sont avérés inefficaces, les autorisations d'occupation du domaine public ont été attribuées de manière désorganisée, et un tiers des producteurs, occupant 1 300 hectares, n'ont rien produit depuis 2017. De plus, le transfert de responsabilités aux professionnels et la gestion du changement de gouvernance sont également jugés comme des échecs.

La pollution environnementale, liée à la perliculture, représente une autre préoccupation majeure, avec des déchets accumulés sur plusieurs îles perlicoles depuis 40 ans. Les lagons de Takaroa et Takapoto, en particulier, ont subi des dommages graves en raison de cette pollution, nécessitant des interventions curatives coûteuses.

Dans ses recommandations, la CTC exhorte le Pays à agir rapidement en mettant en œuvre sept actions spécifiques dès 2021. Le président du Pays, Édouard Fritch, a annoncé l'initiation d'une nouvelle politique sectorielle d'ici la fin de l'année, et s'engage à intégrer ces recommandations. Les célébrations des 60 ans de la perle de Tahiti devront ainsi être accompagnées d'une refonte urgente du secteur pour assurer sa pérennité et sa durabilité.

mardi 12 octobre 2021

Valorisation des Nacres en Polynésie : Enquête et Stratégies pour le Développement Durable de la Perliculture.


Cette initiative fait partie d'une stratégie globale de développement de la filière nacre, visant à trouver des solutions locales pour la valorisation de la nacre de Pinctada margaritifera, actuellement exportée en vrac.

La DRM explore plusieurs pistes pour transformer cette ressource en produits à forte valeur ajoutée, telles que l’utilisation de dérivés de nacre dans l’agriculture pour produire des engrais ou des compléments alimentaires pour les élevages de poules pondeuses, l’intégration de la nacre dans l’artisanat, ou encore la création d’une filière locale pour la production de nucleus à partir de la poudre de nacre. Cependant, l’un des défis majeurs reste d'identifier les sources fiables et suffisantes pour alimenter ces nouvelles filières de valorisation.

Pour ce faire, fin septembre, la DRM a lancé une enquête visant à recenser les quantités de nacre stockées à terre dans les 349 fermes perlières en activité en Polynésie. Les présidents des comités locaux de gestion de la perliculture travaillent de concert avec les professionnels du secteur pour établir un inventaire précis des stocks. L’objectif est d’obtenir une estimation complète d’ici le 26 octobre prochain.

Actuellement, la question des stocks de nacres suscite diverses interrogations. Bien que les coquilles de nacre issues de la perliculture soient exportées depuis les années 1980, générant des revenus modestes pour les producteurs, la DRM se concentre désormais sur des solutions de valorisation locales plus rentables que l’exportation en vrac vers l’Asie. Entre 2014 et 2020, la Polynésie a exporté en moyenne 1 604 tonnes de nacre par an, avec 1 299 tonnes exportées en 2020, rapportant un chiffre d'affaires de 183 millions de Fcfp. Le prix moyen du kilo de nacre est de 141 Fcfp, bien au-dessus de la moyenne de 124 Fcfp/kg observée depuis 2014.

Bien que les stocks à terre soient principalement constitués de nacres impropres à la commercialisation en raison de défauts ou de dommages, la DRM reste optimiste quant à la recherche de solutions de valorisation plus rentables et durables pour cette ressource locale. Les résultats de l’enquête en cours devraient fournir des données cruciales pour orienter cette réflexion vers un développement local plus efficace de la nacre de Tahiti.

mardi 7 septembre 2021

Crise de la Perliculture à Tahiti : Baisse des Exportations et Pénurie de Greffeurs.


Cette diminution alarmante est en grande partie imputée à la pandémie, selon Mia Williams, présidente du syndicat des petits et moyens perliculteurs de la Polynésie française (SPMPPF).

Le prix de la perle à l'exportation par gramme a également subi une baisse historique, passant de 600 Fcfp en 2018 à 270 Fcfp en 2020. Ferdinand Ching, négociant en perles, explique que cette chute des prix est en partie due à la dégradation de la qualité des perles, attribuable à des facteurs tels que la pollution des lagons et la surproduction.

La situation est d'autant plus préoccupante en raison de la pénurie de greffeurs, un problème majeur pour les producteurs locaux. La non-arrivée des greffeurs chinois, bloqués en Chine, a un impact direct sur la production, entraînant une réduction significative de la production de perles. En 2020, le nombre de producteurs a également diminué de 80 par rapport à 2018.

Malgré ces difficultés, les professionnels du secteur restent optimistes, soulignant que la résolution rapide de la pénurie de greffeurs est essentielle pour assurer la survie et la pérennité de l'industrie perlicole en Polynésie.

jeudi 2 septembre 2021

Bilan de la Crise dans le Secteur de la Perle en Polynésie : 2019-2020 et Perspectives pour 2021


Selon les dernières études publiées par l'Institut de la statistique de Polynésie française (ISPF), la crise a commencé bien avant la Covid-19, avec des signes de déclin dès 2018.

Les statistiques sont inquiétantes : le nombre de producteurs d'huîtres perlières a chuté de 8% en 2020, après une baisse de 1% en 2019, et les surfaces d'exploitation ont diminué de 12,7% en trois ans. La production de perles a également connu une baisse de 26%, passant de 9,1 millions à 6,7 millions de perles contrôlées après production.

Le prix de la perle brute a dégringolé de 51% entre 2019 et 2020, passant de 485 Fcfp à seulement 270 Fcfp, en grande partie à cause de la réduction de la demande sur les marchés mondiaux et de la fermeture des lignes commerciales avec l'Asie. Les exportations ont chuté de 70,4% en trois ans, avec une baisse de moitié en 2020 par rapport à 2019, représentant seulement 2,4 milliards de Fcfp.

Malgré ces résultats alarmants, les premières données de 2021 indiquent un léger rebond, avec des exportations déjà supérieures à celles de 2020. Ces signes de redressement offrent une lueur d'espoir pour l'avenir du secteur, bien que des réformes structurelles restent nécessaires pour stabiliser l'industrie à long terme.

mardi 16 février 2021

Econacre : vers une seconde vie pour la nacre perlière de Tahiti.


L’idée ? Valoriser la nacre au-delà de son usage perlier et en faire une ressource économique à part entière, porteuse d’emplois et de nouveaux projets.

Lors d’un atelier de restitution, perliculteurs, artisans, chercheurs, banquiers et porteurs de projets ont échangé sur les résultats de l’étude et les opportunités à saisir.
Car aujourd’hui, les coquilles et la chair des huîtres perlières demeurent sous-exploitées, alors même que le marché mondial de la perle noire connaît un nouvel essor.

Autrefois, la coquille de nacre sauvage pouvait atteindre jusqu’à 37 cm. Mais le développement intensif de la perliculture a relégué la nacriculture traditionnelle au second plan, privant les artisans de matière première de qualité.

L’étude Econacre propose deux scénarios de développement :
Le premier mise sur les ressources et techniques locales pour générer rapidement des retombées économiques, notamment en valorisant les coquilles issues de l’activité perlicole.
Le second vise une valorisation à l’international avec la création de filières à haute valeur ajoutée.

Pour Cédrik Lo, responsable du projet perliculture, il est essentiel de préserver les savoir-faire artisanaux tout en adaptant les projets aux réalités locales.
Une ambition qui allie protection des lagons, création d’emplois et transmission des compétences dans les îles.

Parmi les pistes concrètes identifiées :
• le renforcement de l’élevage et du conditionnement des huîtres
• le développement de l’artisanat d’art
• la valorisation de la filière korori
• la diversification vers l’agriculture, l’alimentation animale ou encore le BTP.

La Direction des Ressources Marines accompagne désormais les porteurs de projets dans le déploiement d’initiatives pilotes.
À titre de comparaison, près de 1 700 tonnes de coquilles vides de Pinctada margaritifera ont été exportées en 2018, représentant un chiffre d’affaires de 210 millions de Fcfp.

L’heure est venue de transformer cette ressource négligée en véritable levier de développement durable.

samedi 30 janvier 2021

Covid-19 : les perliculteurs polynésiens inquiets face aux restrictions sur les travailleurs chinois.


La suspension temporaire de la délivrance des permis de travail pour les ressortissants chinois, combinée à la recommandation faite aux travailleurs actuellement en Chine de différer leur retour, pourrait avoir un impact direct sur la production perlière.

Ces décisions, bien qu’acceptées sur le plan sanitaire, fragilisent une filière déjà sous tension. La majorité des greffeurs de perles — un maillon essentiel de la chaîne — sont chinois et repartent habituellement dans leur pays pour le Nouvel An. Leur retour incertain fait craindre des retards dans les opérations.

Rainui Sanquer, président du GIE Poe no Raromatai, rappelle que "sans greffeurs, il n’y a pas de production", soulignant l’urgence de trouver une solution.

Même son de cloche chez les négociants. Sabine Lorillou, présidente du Syndicat des négociants en perles de culture de Tahiti, s'inquiète d'une possible rupture d'approvisionnement : "Il pourrait y avoir une petite rupture de cadence d’approvisionnement, ça c’est certain. Donc ça pose un petit problème…"

Si les restrictions venaient à durer plus de trois à quatre mois, les conséquences pourraient être lourdes pour un secteur déjà affecté par la volatilité des marchés. Une course contre la montre semble engagée pour préserver un équilibre fragile dans l'économie perlicole de la Polynésie française.

vendredi 26 juin 2020

Crise dans la Perliculture Polynésienne: Appels à l'Action face à la Dégradation de la Qualité des Perles.


Les membres du bureau du syndicat des Petits et Moyens Perliculteurs de Polynésie (SPMPPF) et de la fédération des professionnels des Richesses Marines et de leur environnement (FPRME) ont tenu une conférence de presse jeudi matin. Ils expriment leur frustration quant à un "problème de communication" persistant avec le gouvernement depuis trois ans, malgré leurs "doléances". La présidente du SPMPPF et de la FPRME, Mia Williams, déplore une situation où ils se sentent ignorés.

Les perliculteurs critiquent la loi du 18 juillet 2017, affirmant que les prix ont chuté drastiquement depuis son instauration, aggravés par la pandémie de la COVID-19. Ils soulignent qu'il n'y a plus de contrôle qualité depuis 2017, mentionnant la disparition du contrôle Xray et la création d'une catégorie de rebuts.

Face à cette menace, les perliculteurs préconisent la mise en place d'un plan de sauvetage. Ils demandent l'interdiction stricte de la vente et de l'exportation des rebuts, plaidant pour leur destruction immédiate. Ils souhaitent également un contrôle obligatoire de l'épaisseur des nacres, insistant sur la nécessité de maintenir une qualité de produits pour inverser la tendance à la baisse des prix.

La loi du Pays de 2017 a instauré un conseil de la perliculture, mais Mia Williams estime qu'il est "une coquille vide". Elle critique le retard dans la création des comités de gestion, soulignant que seuls 9 des 25 îles perlicoles ont mis en place ces comités. Elle demande le soutien du Pays pour alléger leur composition et faciliter leur mise en place.

En réponse, le ministre en charge de la perliculture, Teva Rohfritsch, rappelle que la baisse des prix des perles date du début des années 2000 et que la loi de juillet 2017 visait à assurer une gestion durable des ressources perlières. Il annonce une réunion avec le Conseil de la perliculture et les comités de gestion en août pour discuter des orientations stratégiques visant à redresser le secteur après la crise de la COVID-19. Le ministre assure également que des propositions d'exonération des redevances d'occupation maritime et des droits spécifiques sur les perles exportées seront soumises aux autorités pour examen.

vendredi 15 mai 2020

La Crise du Covid-19 Met en Danger la Perle de Tahiti : Une Filière au Bord du Gouffre.


En raison de la suspension des vols commerciaux, la filière est paralysée. L'absence des greffeurs chinois, essentiels au processus de greffage des huîtres, ralentit considérablement la production.

Sabine Lorillon, présidente du syndicat des négociants en perles de culture, alerte sur la gravité de la situation. La filière est dans l'incertitude : les achats et ventes sont suspendus, les clients étrangers étant bloqués à l'étranger. À terme, la reprise des ventes risque de provoquer une chute des prix des perles, bien en dessous des 500-600 Fcfp par perle actuellement observés.

Si les perles de qualité ne perdent pas leur éclat, les professionnels redoutent une pression de plus en plus forte des acheteurs pour faire baisser les prix, ce qui pourrait affecter les stocks accumulés dans les fermes. Thomas Esen, président du comité de gestion de la perliculture à Rikitea, souligne que cette situation risque de précipiter la fermeture de nombreuses fermes de perles, déjà fragilisées avant la crise.

Le blocage des greffeurs chinois empêche toute progression dans la production. Actuellement, seules les tâches d'entretien des nacres peuvent être réalisées. Face à l'incapacité de vendre leurs perles, certains perliculteurs ont dû réduire les salaires de leurs employés, aggravant la situation économique déjà tendue.

Dans ce climat d'incertitude, les professionnels de la filière n'ont aucune visibilité sur les mois à venir. Ils craignent également que les mesures de quarantaine mises en place à l'entrée du territoire ne découragent les acheteurs étrangers. Sabine Lorillon, présidente du syndicat, conclut que, bien que la filière ne soit pas vouée à disparaître, sa reprise prendra du temps et la perle de Tahiti pourrait perdre sa place de priorité sur le marché mondial.

mardi 7 avril 2020

Teva Rohfritsch Réagit aux Critiques: Un Appel à la Solidarité dans la Crise, et un Projet Post-Crise pour Redynamiser la Perliculture


Ces derniers l'accusent de contribuer à la chute du prix de la perle. Dans une déclaration officielle, Rohfritsch a insisté sur le fait que la priorité du gouvernement était d’aider les familles en difficulté pendant la crise sanitaire, tout en protégeant la trésorerie des professionnels de la perliculture.

Il a rappelé que la situation actuelle est exceptionnelle et nécessite une solidarité de la part de tous les acteurs de l’industrie perlière, des producteurs aux négociants, en passant par les bijoutiers. Le vice-président a également précisé que les efforts collectifs sont essentiels pour traverser cette crise économique et sanitaire sans précédent.

Rohfritsch a ensuite annoncé que le gouvernement préparait un plan d’action post-crise, qui sera présenté lors de la prochaine réunion du Conseil de la perliculture. Ce plan vise à renforcer l’industrie perlière à l’issue de la crise, notamment par des mesures destinées à relancer les marchés internationaux, tout en tirant parti des enseignements de cette période difficile.

Enfin, le vice-président a souligné que toutes les options sont envisagées pour soutenir le secteur perlicole, en fonction de l’évolution de la situation. Le communiqué rappelle que la solidarité et la coopération sont plus que jamais nécessaires pour assurer la résilience de l’industrie face aux défis actuels.

vendredi 3 avril 2020

Alerte dans l'Industrie Perlière : Risques de Chute des Prix à Cause de l'Exonération Fiscale en Polynésie.


Cette mesure, prise dans le cadre du plan de soutien économique dirigé par le vice-président Teva Rohfritsch, suscite toutefois des préoccupations parmi les acteurs internationaux du marché.

Deux associations de vendeurs de perles noires, basées respectivement à Hong Kong et au Japon, ont exprimé de vives inquiétudes quant aux conséquences potentielles de cette exonération fiscale. Selon elles, la suppression de la DSPE pourrait entraîner une chute des prix de la perle sur le marché international. Ce droit, qui est une taxe à l'exportation, joue un rôle crucial en filtrant les perles de qualité inférieure et en maintenant le prix moyen des perles à un niveau acceptable.

Les présidents de la Tahitian Pearl Association Hong Kong et de la Tahiti Pearl Promotion Society of Japan ont publié un communiqué mettant en garde le gouvernement polynésien. Ils soulignent que la suppression temporaire de la DSPE pourrait entraîner une surproduction de perles de faible qualité, perturbant ainsi l'équilibre du marché et provoquant une dévaluation des prix unitaires.

Selon les associations, cette mesure risque également de nuire à la crédibilité du marché de la perle de Tahiti. Les consommateurs, moteurs essentiels de l'industrie, pourraient hésiter à acheter des perles dont la valeur est perçue comme dégradée. Ce phénomène entraînerait inévitablement une diminution des ventes, menaçant ainsi la stabilité de l'industrie à long terme.

lundi 16 septembre 2019

Le Transport Aérien de Nacres : Une Course Contre la Montre pour la Perliculture Polynésienne.


À bord, pas de voyageurs, mais 130 000 huîtres perlières transportées avec une minutie quasi chirurgicale entre Manihi et Raiatea, dans une opération logistique essentielle pour l'industrie perlicole.

Seuls deux ATR 72 de la flotte sont équipés pour ce type de mission. Thierry Caer, directeur technique, explique que l’intérieur de la cabine est entièrement réaménagé : les sièges sont retirés, les rails de chargement installés, et les parois habillées de panneaux shoji pour protéger les précieuses nacres. En moins de trois heures, l’avion devient une soute volante de 74 m³ capable d’accueillir 12 palettes.

À Manihi, l’ambiance est électrique. Chaque huître est pesée avec rigueur pour respecter la charge maximale de 5 tonnes. Le transport aérien, bien que coûteux, est ici vital. "Grâce à l’avion, on garde les nacres en bonne santé à 100 %", affirme Tapu, perliculteur. Ce choix logistique garantit que les huîtres arrivent rapidement à destination, sans stress ni dommage, prêts pour une nouvelle étape de leur cycle.

Une heure et demie plus tard, l’ATR se pose à Raiatea. Là, c’est une course contre la montre : les nacres sont déchargées immédiatement pour éviter tout choc thermique ou altération. Roland Peni-Marae, agent de trafic, veille au bon déroulement de l’opération, où chaque minute compte. Les bacs vides sont aussitôt rechargés, afin de préparer le prochain envoi.

Alfred Martin, acheteur et exploitant perlier, a investi près de 10 millions de Fcfp dans cette cargaison destinée à renouveler les stocks de sa ferme à Tahaa. Cinq bateaux attendent les nacres à quai, prêts à les ramener à la mer. Une fois immergées, elles reprendront leur développement, sous surveillance constante, dans l’espoir de produire des perles à la qualité irréprochable.

Ce ballet aérien discret mais crucial illustre les enjeux logistiques de la perliculture polynésienne moderne : un équilibre délicat entre technologie, timing et savoir-faire ancestral.

jeudi 13 décembre 2018

À la Découverte des Artisans de la Perle de Tahiti : Un Voyage au Cœur des Métiers Traditionnels


Aujourd'hui, nous vous invitons à découvrir les différents métiers impliqués dans le processus de création de ce précieux joyau.

La perle, véritable produit de la nature, nécessite l’intervention de divers spécialistes tout au long de sa transformation en bijou éclatant. Régis par la nouvelle loi de 2017 sur la perliculture, ces professionnels jouent un rôle essentiel dans le développement et la valorisation de la perle. Voici un aperçu des acteurs clés qui participent à cette aventure.

Le Commerçant de Nucleus : Indispensable à la production de la perle de culture, le nucleus, petite bille de nacre insérée dans l’huître, est acquis, recyclé ou importé par le commerçant de nucleus avant d’être vendu aux producteurs.

Le Greffeur : Spécialiste de la greffe, ce professionnel effectue l’introduction, de manière chirurgicale, d’un corps étranger dans l’huître pour initier la formation de la perle. L’habileté et l’expérience du greffeur sont cruciales pour le succès de cette opération.

Le Producteur d'Huîtres Perlières : Responsable de la fécondation artificielle, de l’élevage des larves et du transfert des huîtres perlières, le producteur gère l’ensemble du processus, de la fixation des larves à la vente des huîtres.

Le Producteur de Produits Perliers : Ce professionnel s'occupe de la greffe, de l’élevage et de la récolte des perles. Il est autorisé à vendre et à exporter des produits bruts ou travaillés issus de sa production.

Le Négociant de Produits Perliers : Le négociant achète des produits perliers auprès des producteurs et les revend à des clients, principalement des détaillants, pour alimenter le marché.

Le Détaillant Bijoutier : Achetant en semi-gros ou au détail, le détaillant bijoutier se charge de la revente de produits perliers bruts, travaillés ou montés en bijoux ou en objets de bijouterie.

Le Détaillant Artisan de Produits Perliers : Cet artisan, spécialisé dans la vente d’articles traditionnels en perles montées, participe à la revente de produits perliers sous forme d’objets d'artisanat.

Enfin, le Centre des Métiers de la Nacre et de la Perliculture (CMNP), situé à Rangiroa, propose une formation complète aux futurs professionnels du secteur, couvrant les techniques de base de la perliculture et de la greffe sur une période de 24 mois.

Pour de plus amples informations sur les formations et les métiers liés à la perliculture, il est possible de contacter la Direction des Ressources Marines et Minières ou directement le CMNP à Rangiroa.

vendredi 16 novembre 2018

Manihi : L'Atoll Oublié de la Perle, Témoignage d'un Passé Glorieux et d'une Lutte pour la Renaissance.


Aujourd'hui, moins de dix fermes résistent, accablées par une crise prolongée. L’industrie, autrefois florissante, peine à se relever après la chute brutale des prix qui a bouleversé l’économie locale.

L’histoire de la perliculture en Polynésie française débute en 1961, dans les eaux limpides de l'atoll de Hikueru. Le gouvernement, convaincu du potentiel des perles, avait investi dix millions de Fcfp dès 1956 pour exploiter la nacre Pinctada margaritifera. Jean Domard, vétérinaire français et chef du Service de la pêche, fut un acteur clé de cette réussite, ouvrant ainsi la voie à l’essor de l’industrie perlière.

En décembre 1963, la première récolte de perles rondes de qualité commerciale voit le jour, avec un total de 276 perles récoltées. Cette percée entraîne des tentatives de greffe à Bora Bora, mais c’est l’initiative privée qui prendra rapidement le relais. Manihi devient alors le premier site à accueillir des fermes perlières privées, avec la création de la Société Perlière de Manihi (SPM) en 1968, sous la direction de Jacques Rosenthal et du biologiste australien William Reed.

Au fil des années, la perliculture s’étend aux Tuamotu, aux Gambier, et aux îles Sous-le-Vent, bien que les Australes et les Marquises ne participent pas à cette expansion. Toutefois, l’industrie se heurte à une surproduction qui, couplée à des erreurs de gestion et des choix politiques contestables, entraîne une chute vertigineuse des prix. En 1990, le prix du gramme de perle est de 6490 Fcfp, mais en août 2003, il tombe à seulement 800 Fcfp.

Aujourd'hui, la perle de Tahiti tente tant bien que mal de se réinventer, mais les années de prospérité semblent désormais lointaines. De nombreuses fermes ont fermé leurs portes, laissant derrière elles des ruines et des centaines d'emplois disparus. Pourtant, certaines structures familiales persistent, accrochées à l’espoir d’une renaissance, nourrie par le collectage de naissains.

Une visite à la ferme Temotu Perles, dirigée par Michel Grillot près de la pension Poerani Nui, permet de découvrir ces petites structures familiales qui, bien que résilientes, peinent à se maintenir à flot. Le volume de nacres greffées a diminué, mais l’esprit pionnier qui a fait la renommée de la perliculture persiste. Malgré les difficultés, la qualité des produits reste élevée, et les prix attractifs.

Cette immersion dans le monde de la perliculture à Manihi offre une fascinante plongée dans l’histoire d’une industrie en déclin, mais toujours porteuse d’espoir. Elle séduira les passionnés d’aventure et de découvertes, rappelant les récits des grands explorateurs comme Henry de Monfreid, dont les expéditions en Mer Rouge et sur la corne de l’Afrique ont marqué l’histoire de la recherche des perles.

samedi 27 janvier 2018

Arutua : Le Renouveau de l'Industrie Perlicole à Travers le Témoignage de Steve Pommier.


Arutua, avec ses 80 perliculteurs, fait partie des zones où la production reprend de l'élan. Parmi ces producteurs, Steve Pommier, perliculteur chevronné depuis plus de 20 ans, se distingue par ses performances impressionnantes.

Dans sa ferme perlière à Arutua, Steve Pommier et son équipe de 30 employés parviennent à produire près de 300 000 perles par an. Cette réussite est d'autant plus remarquable compte tenu des difficultés rencontrées par le secteur ces dernières années. "Ça va mieux depuis deux ans", déclare-t-il, soulignant les améliorations apportées malgré un passé difficile.

Le secteur perlicole a traversé une crise profonde à partir de 2008, marquée par une baisse de la demande internationale et une chute des prix. À cela s'ajoutait des problèmes d'approvisionnement en nacres, notamment sur l'atoll de Takaroa, qui ont pesé sur la production. Toutefois, depuis 2016, la situation semble se redresser, avec une légère augmentation de la surface exploitée et du nombre de producteurs.

Steve Pommier précise qu'il ne se contente pas de produire des perles de qualité, mais qu'il génère également des perles déclassées, qui, bien qu'elles ne répondent pas aux critères les plus stricts, trouvent aussi leur place sur le marché. Actuellement, environ 70 % de sa production est destinée à l'export, principalement vers le Japon et la Chine, les principaux acteurs du marché mondial des perles. Avec une demande supérieure à l'offre, les prix des perles ont augmenté, offrant une opportunité pour les producteurs.

Le prix des perles de Steve Pommier est aujourd'hui de 800 francs le gramme, soit environ 1 200 francs par perle. Ce tarif reflète une hausse survenue au cours de la dernière année et demie, et témoigne de l'amélioration du marché. Pour séduire les acheteurs étrangers, la qualité du travail reste essentielle. La greffe, qui représente environ 50 % du processus de production, est une étape clé, et Steve insiste sur l'importance de former des greffeurs qualifiés pour garantir un produit de haute qualité. "Nous formons nos propres greffeurs. À l'époque, nous en avions formé 8 locaux, mais seul un est toujours en activité dans notre ferme. Les autres sont rentrés sur Papeete. Après, c'est vrai, qu'il faut vouloir vivre aux Tuamotu quand on se lance dans cette aventure. Du coup, nous avons pris des greffeurs chinois, qui sont quand même plus coriaces et tu peux compter sur eux", explique-t-il.

Aujourd'hui, Steve Pommier considère que les deux plus gros producteurs de perles en Polynésie sont Rikitea et Arutua, avec 80 producteurs sur ce dernier atoll. Cette dynamique positive laisse entrevoir un avenir prometteur pour l'industrie perlicole locale.

vendredi 10 novembre 2017

Forum de la Perliculture : Enjeux Actuels et Perspectives d'Avenir.


Cet événement, marquant un moment clé dans la perliculture locale, se penche sur trois thèmes majeurs : la promotion de la perle de culture de Tahiti, la protection de l'environnement, et l'amélioration des techniques de greffe.

S'étendant sur deux jours, ce forum a permis à divers intervenants, producteurs, décideurs et scientifiques, de partager leurs points de vue devant un auditoire passionné. Ces échanges se sont articulés autour de trois grands axes : la valorisation de la perle de culture de Tahiti, les stratégies pour une perliculture durable et respectueuse de l'environnement, et les nouvelles techniques de greffe destinées à améliorer la qualité des perles.

Le ministre du Développement des ressources primaires, Tearii Alpha, a ouvert le forum en soulignant l'importance de la stratégie perlicole, appelant à une collaboration concertée pour atteindre des objectifs communs. Il a insisté sur la nécessité de protéger les lagons, un préalable à l'instauration d'une perliculture écoresponsable. La stratégie gouvernementale repose sur une exploitation de qualité tout en préservant les écosystèmes, la diversité génétique et en régulant les écloseries, avec une organisation améliorée de la commercialisation et la création d'un label pour certifier cette démarche.

La question de la qualité des perles a également été au centre des discussions, notamment la surveillance des nucleus, éléments cruciaux dans la production. Tearii Alpha a rappelé que la qualité des perles est directement liée à celle des nucleus utilisés, un point fondamental pour garantir la durabilité de l'industrie.

L'exportation de perles a enregistré une baisse de 14,4% en volume et de 12,9% en valeur en 2016, selon l'Institut d'émission des outremers (IEOM). Toutefois, Tearii Alpha a mis en perspective ces chiffres, soulignant que malgré ce repli, la perle de Tahiti demeure la deuxième ressource d'exportation de la Polynésie française, représentant 35% des recettes d'exportation, juste derrière le tourisme.

Enfin, la loi de 2017 sur la réglementation des activités perlières et nacrières a été mise en avant, visant à améliorer la traçabilité des produits et à instaurer des quotas de production par hectares. Cette législation entend assurer une gestion plus stricte du secteur, de la production à l'exportation, afin d'assurer une croissance durable et pérenne de l'industrie perlière.

mardi 30 août 2016

Économie Bleue en Polynésie : Un Géant Marin Encore en Devenir


Pourtant, selon une récente étude de l’IEOM, le potentiel économique de cet immense espace marin reste largement sous-exploité.

En 2015, l'économie bleue polynésienne a généré un chiffre d'affaires déclaré de 39 milliards Fcfp, mais l'IEOM estime que la réalité pourrait approcher les 47 milliards Fcfp. Malgré cette richesse océanique, la valorisation économique demeure modérée, freinée par divers obstacles structurels.

Le transport maritime constitue le principal moteur de cette économie, représentant à lui seul un quart du chiffre d’affaires global, soit 10 milliards Fcfp annuels. Ce secteur reste un pilier, soutenant aussi bien le commerce inter-îles que les échanges internationaux.

L'aquaculture affiche un potentiel encore largement inexploité. Alors que son chiffre d'affaires en 2015 plafonnait à 500 millions Fcfp, son développement pourrait atteindre 5,7 milliards Fcfp en intégrant transformation et commercialisation. Toutefois, la comptabilité spécifique des entreprises perlicoles situées dans des zones reculées fausse partiellement les estimations actuelles.

Entre 2010 et 2015, les secteurs liés à la mer ont connu une croissance annuelle moyenne de 8 %, tirée principalement par la filière pêche et la construction maritime. Ces dynamiques positives montrent un chemin à suivre pour le futur.

Les produits de la mer, fers de lance des exportations polynésiennes, ont rapporté 10 milliards Fcfp en 2015. En parallèle, l'industrie touristique, intimement liée à l'océan, a généré 46 milliards Fcfp, dont 14,4 milliards directement attribuables aux activités maritimes, selon les chiffres de l'ISPF.

L'économie bleue emploie aujourd'hui près de 4 850 personnes. La pêche et la perliculture demeurent les piliers traditionnels, pesant lourd dans la balance des exportations de biens. Le secteur de la plaisance et des croisières connaît aussi une embellie, avec 800 bateaux recensés en Polynésie en 2015.

Malgré ces avancées, l'IEOM identifie encore un large potentiel inexploité, notamment dans l’aquaculture. Des projets d’envergure, comme la ferme aquacole de Hao, pourraient profondément transformer la filière dans les années à venir.

Face à ce constat, le ministre de l'Économie bleue, Teva Rohfritsch, a réagi en soulignant l’importance stratégique de l’économie maritime pour la Polynésie. Il annonce de nouvelles initiatives pour maximiser l'exploitation durable de cette ressource océanique inestimable.

samedi 9 janvier 2016

La perliculture polynésienne en convalescence : entre reprise fragile et attente de réformes


Selon les derniers chiffres publiés par l'Institut de la Statistique de Polynésie Française (ISPF), les recettes d'exportation des produits perliers ont progressé de 12% en 2014, atteignant 8,8 milliards de francs CFP, marquant ainsi une deuxième année consécutive de hausse.

Cette embellie se manifeste également par une augmentation de 6% des volumes exportés, inversant trois années de baisse continue. Le prix moyen de la perle à l'export s'établit désormais à 1030 francs (+1,5% par rapport à 2013), tandis que le prix au gramme connaît une hausse plus significative de 6%, pour atteindre 600 francs.

Toutefois, ces résultats positifs masquent une réalité plus nuancée. L'ISPF note que "le niveau de recettes demeure faible par rapport aux réelles capacités du secteur" et que "le déséquilibre entre l'offre et la demande reste favorable à la demande". Le prix unitaire actuel ne reflète pas l'image luxueuse associée à la perle noire de Tahiti, deuxième ressource propre de la Polynésie française après le tourisme.

"Nous attendons avec impatience la nouvelle loi sur les produits perliers, initialement prévue pour fin 2015 et aujourd'hui en stand-by", déplore Aline Baldassari, présidente de la Tahitian Pearl Association of French Polynesia (TPAFP). Elle insiste sur l'urgence d'une réforme réglementaire permettant notamment de comptabiliser les perles dès leur sortie de l'eau, et non plus seulement à l'export, afin d'obtenir des statistiques plus représentatives de la production réelle.

En 2014, la production de perles de culture brute s'étendait sur 25 îles polynésiennes, avec 561 concessions maritimes dont 435 situées dans l'archipel des Tuamotu. Cette activité artisanale complexe, qui nécessite deux ans de formation pour devenir greffeur, représente un savoir-faire unique - l'unique école mondiale de greffeurs se trouve d'ailleurs à Rangiroa.

Si le redressement économique du secteur est bien amorcé, les professionnels attendent désormais un cadre réglementaire rénové pour consolider cette dynamique et redonner à la perle noire de Tahiti toute sa valeur sur les marchés internationaux.

jeudi 15 octobre 2015

Polynésie française : Importations en Hausse, Exportations en Baisse, la Perle Noire en Première Ligne


Tandis que les importations enregistrent une légère progression de 1,5 %, les exportations plongent, lourdement impactées par la crise du secteur perlier.

Le recul est particulièrement brutal pour les produits perliers, avec une baisse de 58 % des exportations par rapport à août 2022. Une chute qui s'explique en partie par des facteurs saisonniers, mais qui confirme surtout une tendance préoccupante : depuis le début de l’année, les exportations de perles ont reculé de 20,7 %.

À l’inverse, d’autres secteurs d’exportation maintiennent le cap. La pêche, le noni, le coprah et le monoï continuent de performer, malgré une légère inflexion en août pour le noni.

Côté importations, la reprise est nette dans plusieurs segments : +7 % pour les biens intermédiaires, +19 % pour les biens d’équipement, et un spectaculaire +52 % pour les automobiles. À noter cependant une forte baisse de 23 % pour les produits pétroliers, conséquence directe de la baisse persistante des cours mondiaux. Depuis janvier, la tendance des importations est globalement orientée à la hausse, à l’exception notable du secteur pétrolier.

La consommation des ménages affiche une baisse de 2 % en volume, mais une hausse de 8 % en valeur, signe d’une inflation persistante. En revanche, les investissements des entreprises reprennent de la vigueur : +6 % en volume et +4 % en valeur, traduisant un regain d’optimisme sur le front économique.

Malgré la résilience de certains secteurs, la crise que traverse la perliculture polynésienne vient assombrir ce tableau, soulignant la fragilité d’une économie encore largement tributaire de ses exportations traditionnelles.

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