Cette industrie emblématique, pilier économique de l'archipel, se trouve confrontée à des défis environnementaux majeurs qui pourraient compromettre sa pérennité.

La pinctada margaritifera, l'huître perlière qui produit ces joyaux convoités à travers le monde, montre des signes de vulnérabilité face à l'augmentation des températures océaniques. Une situation qui inquiète tant les autorités que les producteurs locaux.

L'enjeu est considérable : officiellement, 1 300 personnes travaillent directement dans les fermes perlicoles polynésiennes. Mais selon les estimations, le secteur pourrait en réalité faire vivre entre 5 000 et 8 000 personnes, particulièrement dans les atolls les plus isolés où les alternatives économiques sont rares. En 2014, les recettes générées par la perle représentaient 69% des exportations de biens de la Polynésie française, soit environ 73,7 millions d'euros.

Face à cette menace, le gouvernement polynésien a lancé un programme ambitieux de recherche et développement, en partenariat avec le secteur privé. Des scientifiques étudient activement les conséquences du réchauffement climatique sur l'huître perlière, avec un objectif clair : trouver des solutions pour préserver cette ressource vitale.

Les résultats préliminaires sont préoccupants. Les études montrent que l'augmentation de la température de l'eau pourrait gravement perturber le fonctionnement physiologique de la pinctada margaritifera. Des tests simulant un réchauffement de 2°C révèlent que les huîtres se retrouvent fréquemment exposées à des températures dépassant leur optimum biologique, ce qui affecte leur métabolisme et potentiellement la qualité des perles produites.

Plusieurs pistes d'adaptation sont explorées par les chercheurs. L'une d'elles consisterait à déplacer progressivement l'activité perlicole des Tuamotu vers l'archipel des Australes, où les eaux sont naturellement plus fraîches. Une autre approche privilégie l'étude de sous-espèces d'huîtres perlières présentes aux Marquises, potentiellement mieux adaptées aux environnements plus chauds.

Malgré ces défis considérables, la filière perlicole polynésienne demeure déterminée à préserver son savoir-faire unique et cette ressource qui fait la renommée internationale de l'archipel. La capacité d'adaptation de cette industrie traditionnelle face aux bouleversements climatiques constitue désormais un enjeu crucial pour l'avenir économique de la Polynésie française.