Manihi : L'Atoll Oublié de la Perle, Témoignage d'un Passé Glorieux et d'une Lutte pour la Renaissance.
Par Sandrine, vendredi 16 novembre 2018 à 10:54 :: Économie
L'atoll de Manihi, autrefois le cœur battant de la perliculture en Polynésie, a vu son éclat s’éteindre après avoir abrité plus de 70 fermes perlières dans les années 80 et 90.
Aujourd'hui, moins de dix fermes résistent, accablées par une crise prolongée. L’industrie, autrefois florissante, peine à se relever après la chute brutale des prix qui a bouleversé l’économie locale.
L’histoire de la perliculture en Polynésie française débute en 1961, dans les eaux limpides de l'atoll de Hikueru. Le gouvernement, convaincu du potentiel des perles, avait investi dix millions de Fcfp dès 1956 pour exploiter la nacre Pinctada margaritifera. Jean Domard, vétérinaire français et chef du Service de la pêche, fut un acteur clé de cette réussite, ouvrant ainsi la voie à l’essor de l’industrie perlière.
En décembre 1963, la première récolte de perles rondes de qualité commerciale voit le jour, avec un total de 276 perles récoltées. Cette percée entraîne des tentatives de greffe à Bora Bora, mais c’est l’initiative privée qui prendra rapidement le relais. Manihi devient alors le premier site à accueillir des fermes perlières privées, avec la création de la Société Perlière de Manihi (SPM) en 1968, sous la direction de Jacques Rosenthal et du biologiste australien William Reed.
Au fil des années, la perliculture s’étend aux Tuamotu, aux Gambier, et aux îles Sous-le-Vent, bien que les Australes et les Marquises ne participent pas à cette expansion. Toutefois, l’industrie se heurte à une surproduction qui, couplée à des erreurs de gestion et des choix politiques contestables, entraîne une chute vertigineuse des prix. En 1990, le prix du gramme de perle est de 6490 Fcfp, mais en août 2003, il tombe à seulement 800 Fcfp.
Aujourd'hui, la perle de Tahiti tente tant bien que mal de se réinventer, mais les années de prospérité semblent désormais lointaines. De nombreuses fermes ont fermé leurs portes, laissant derrière elles des ruines et des centaines d'emplois disparus. Pourtant, certaines structures familiales persistent, accrochées à l’espoir d’une renaissance, nourrie par le collectage de naissains.
Une visite à la ferme Temotu Perles, dirigée par Michel Grillot près de la pension Poerani Nui, permet de découvrir ces petites structures familiales qui, bien que résilientes, peinent à se maintenir à flot. Le volume de nacres greffées a diminué, mais l’esprit pionnier qui a fait la renommée de la perliculture persiste. Malgré les difficultés, la qualité des produits reste élevée, et les prix attractifs.
Cette immersion dans le monde de la perliculture à Manihi offre une fascinante plongée dans l’histoire d’une industrie en déclin, mais toujours porteuse d’espoir. Elle séduira les passionnés d’aventure et de découvertes, rappelant les récits des grands explorateurs comme Henry de Monfreid, dont les expéditions en Mer Rouge et sur la corne de l’Afrique ont marqué l’histoire de la recherche des perles.