Cette initiative est l'occasion de redécouvrir la nacre, souvent surnommée "l'or noir des atolls", à travers d'anciennes cartes postales illustrant cette activité fondamentale de la Polynésie.

La nacre a joué un rôle essentiel dans le Pacifique oriental, utilisée non seulement pour fabriquer des outils et des ornements cérémoniels, mais aussi pour créer des parures du haut du corps. Les perles extraites des huîtres nacrières étaient également transformées en pendentifs et autres objets de valeur. L'importance de la pêche aux nacres est mise en lumière dès les premières interactions entre les insulaires et les Européens, révélant un savoir-faire ancestral qui traverse les siècles.

Un rapport de 1863 nous donne un aperçu de la vie des plongeurs polynésiens de l'époque, soulignant leur agilité et leurs techniques de plongée. Ces plongeurs, principalement issus des familles locales, pouvaient atteindre des profondeurs impressionnantes de 25 à 30 mètres dans les lagons des Tuamotu, pour récupérer les huîtres, qui étaient ensuite consommées ou vendues aux courtiers. Ce savoir-faire se transmettait de génération en génération, créant une relation symbiotique avec l'océan.

Au XIXe siècle, le commerce des Mers du Sud se développa, avec la nacre comme produit phare aux côtés de l'huile de baleine, du coprah et des fruits. Dès 1820, la nacre polynésienne était recherchée dans les grandes villes européennes, transformée en divers objets, comme des éventails, des boîtes à bijoux, des dés, des dominos et des boutons, qui étaient en forte demande.

La collecte des huîtres perlières dans les lagons polynésiens a rapidement évolué, les pêcheurs étant de plus en plus spécialisés pour obtenir des spécimens de belle taille. Les plongeurs des Tuamotu étaient reconnus mondialement pour leur habileté à récolter ces huîtres dans des eaux parfois très profondes. Cependant, l'exploitation intensive des lagons par les trafiquants et les compagnies perlières, jusqu'aux années 1950, a parfois épuisé les ressources naturelles des zones les plus riches.

Avec l'arrivée des scaphandres à partir de 1880 et des premières lunettes de plongée en 1908, les méthodes de pêche se modernisèrent. La profondeur des plongées nécessaires pour arracher les nacres du fond corallien augmenta progressivement, rendant la pêche aux nacres toujours plus technique et complexe. Les meilleurs gisements polynésiens furent identifiés et exploités à grande échelle à partir des années 1850, marquant un tournant dans l'histoire de la perliculture de la région.