Le Transport Aérien de Nacres : Une Course Contre la Montre pour la Perliculture Polynésienne.
Par Sandrine, lundi 16 septembre 2019 à 11:18 :: Économie
Dans les cieux polynésiens, un ballet inhabituel se joue : les ATR 72 d’Air Tahiti, habituellement réservés aux passagers, sont transformés en véritables cargos volants.
À bord, pas de voyageurs, mais 130 000 huîtres perlières transportées avec une minutie quasi chirurgicale entre Manihi et Raiatea, dans une opération logistique essentielle pour l'industrie perlicole.
Seuls deux ATR 72 de la flotte sont équipés pour ce type de mission. Thierry Caer, directeur technique, explique que l’intérieur de la cabine est entièrement réaménagé : les sièges sont retirés, les rails de chargement installés, et les parois habillées de panneaux shoji pour protéger les précieuses nacres. En moins de trois heures, l’avion devient une soute volante de 74 m³ capable d’accueillir 12 palettes.
À Manihi, l’ambiance est électrique. Chaque huître est pesée avec rigueur pour respecter la charge maximale de 5 tonnes. Le transport aérien, bien que coûteux, est ici vital. "Grâce à l’avion, on garde les nacres en bonne santé à 100 %", affirme Tapu, perliculteur. Ce choix logistique garantit que les huîtres arrivent rapidement à destination, sans stress ni dommage, prêts pour une nouvelle étape de leur cycle.
Une heure et demie plus tard, l’ATR se pose à Raiatea. Là, c’est une course contre la montre : les nacres sont déchargées immédiatement pour éviter tout choc thermique ou altération. Roland Peni-Marae, agent de trafic, veille au bon déroulement de l’opération, où chaque minute compte. Les bacs vides sont aussitôt rechargés, afin de préparer le prochain envoi.
Alfred Martin, acheteur et exploitant perlier, a investi près de 10 millions de Fcfp dans cette cargaison destinée à renouveler les stocks de sa ferme à Tahaa. Cinq bateaux attendent les nacres à quai, prêts à les ramener à la mer. Une fois immergées, elles reprendront leur développement, sous surveillance constante, dans l’espoir de produire des perles à la qualité irréprochable.
Ce ballet aérien discret mais crucial illustre les enjeux logistiques de la perliculture polynésienne moderne : un équilibre délicat entre technologie, timing et savoir-faire ancestral.