Pollution aux Microplastiques : Une Bombe à Retardement pour les Huîtres Perlières Polynésiennes.
Par Sandrine, mardi 28 janvier 2020 à 22:06 :: Environnement
Depuis 2016, le projet MICROLAG, porté par l’Ifremer, étudie l’impact des microplastiques sur les huîtres perlières des Tuamotu. Les premiers résultats révèlent une situation alarmante dans les lagons polynésiens, où la contamination atteint des niveaux préoccupants.
À la suite de la crise perlicole des années 90, de nombreuses fermes ont été abandonnées, laissant derrière elles des tonnes de déchets plastiques. Dégradés par les éléments naturels, ces résidus se sont fragmentés en micro- et nanoplastiques, aujourd’hui omniprésents dans les eaux lagonaires.
Le projet MICROLAG, qui s’étale sur trois ans, intègre les travaux de Tony Gardon, doctorant et lauréat d’un prix de 200 000 francs remis par Europcar lors des Conférences de la Recherche à l’Université. Ses recherches portent sur quatre lagons perlicoles des Tuamotu, où il a procédé à des prélèvements d’eau selon la taille des particules filtrées par les huîtres.
Les analyses montrent que 5 à 8 % des particules collectées sont des plastiques. Si les eaux de surface contiennent de 2,5 à 4,5 particules par mètre cube, la concentration grimpe à 176 particules dans la colonne d’eau. Des niveaux comparables à ceux observés en Méditerranée. Fait troublant : plus de 40 % de ces particules proviennent directement de l’industrie perlicole.
Les huîtres, grands organismes filtrants, se retrouvent ainsi en première ligne. Tony Gardon a mené des tests avec des microbilles de polystyrène qui ont mis en lumière une réduction de l’assimilation des nutriments, des troubles énergétiques, et une chute de la production de gamètes, allant jusqu’à la perforation des organes reproducteurs.
Bien que ces résultats soient encore préliminaires, le chercheur prévoit de prolonger son étude, en s’attardant sur les nanoplastiques. Un enjeu crucial pour préserver la perliculture polynésienne, joyau économique aujourd’hui en sursis.